LORSQUE NOUS ÉTIONS MORTS

 

Mathieu Guibé

 

 

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    livre

    Cela faisait des années que je n'étais plus sujet au trouble et pourtant, franchir le seuil de sa chambre provoqua une once d'émoi en mon for intérieur. Levant le voile sur son univers, je violais l'une des murailles de son intimité. Les appartements d'une lady renfermesnt bien des secrets, mais ceux d'Abigale étaient modestes et ordonnés.

     

     Fantastique "Gaslamp"     Littérature vampirique     Romance 

     Adulte 

     

       Lassé de l'existence et de la société, Lord Josiah Scarcewillow se complaît dans un quotidien vampirique où les meurtres sont devenus banals. Pourtant, sa rencontre inattendue avec Abigale va le pousser à reconsidérer sa condition de non-mort et ravive sa curiosité envers le vivant. Son âme réanimée, sa nature monstrueuse n'en est pas pour autant altérée ; il est prêt à tout pour retrouver cette jeune fille que l'éternité ne saurait effacer.

       À tout, même à une pluie de cadavres.

    Critique par Maud G.

     

        Lorsque nous étions morts est la réédition de Even dead things feel your love publié initialement aux éditions du Chat Noir. A cette occasion, le roman s'est offert un nouveau titre en français et une nouvelle couverture - même si j'avoue garder une préférence pour celle de la première édition.

        La plume de l'auteur est douce tout en sachant se faire tranchante quand il le faut, poétique, travaillée, empreinte de cette tendre mélancolie qui rend le texte si pénétrant. La dynamique est fluide, le rythme mené à la baguette comme pour un orchestre symphonique, donnant à l'écriture une vraie personnalité. Le vocabulaire riche se marie avec une narration incisive, simple, et n'est pas sans rappeler les codes du XIXe siècle revisités avec modernité pour donner un texte très actuel. L'écriture de Mathieu Guibé, c'est un peu l'alliance du style d'Edgard Allan Poe dans la construction des phrases, la poésie de Baudelaire pour les faire vibrer, une pointe de Joseph Sheridan Le Fanu pour l'élégance et un soupçon de Viliers de L'Isle-Adam pour cette violence qui assemble le tout avec une sensibilité propre à l'auteur. Le choix de la narration à la première personne permet aux lecteurs de ressentir toutes les émotions de son personnage, d'être en quelque sorte une ombre qui l'observe. Les dialogues, peu nombreux, sont très caractéristiques des différents protagonistes, de l'ambiance, de l'époque et sont toujours d'une efficacité sans faille. D'ailleurs, les trois épouvantables points de suspension utilisés seuls en guise de paroles, à trois reprises, ont bien été retirée dans cette rééditions ! Promesse fut tenue.

        Lorsque nous étions morts est un récit fantastique, dans la lignée de Dracula de Bram Stocker ou encore de La Morte amoureuse de Théophile Gautier, qui rend hommage au roman gothique du XIXe siècle. On y retrouve d'ailleurs toutes les caractéristiques du genre : l'engouement pour le sentimental, pour le macabre, pour l'histoire et le passé, pour ésotérisme, pour l'architecture gothique dans l'Angleterre de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et des décors populaires du théâtre élisabéthain. Mais également des personnages types que sont le vampire, la belle, le maudit, ou encore le religieux, l'ange ; des situations comme le suicide, le vampirisme, le pacte infernal ou les secrets du passé. L'intrigue est bien préparée et le prologue nous propulse directement dans le thème des amants maudits. L'histoire nous offre une romance des plus belles, profonde, développée avec beaucoup de maîtrise, loin des niaiseries qui pullulent actuellement dans les rayonnages des librairies. Mais il faut être conscient que l'auteur explore les codes du romantisme de l'époque, aussi certains lecteurs pourront trouver cette romance désuète et surfaite - tout comme ils seraient incapables d'apprécier les classiques du genre de l'époque. Les personnages sont assez diversifiés, mais finalement peu nombreux quand on observe toute l'étendue du roman. L'auteur a mis beaucoup de soin dans leur construction pour les rendre crédibles, vivants aux yeux du lecteur. Josiah, notre vampire et principal protagoniste du livre, est un héros tragique des plus fascinants, touchant, parfois troublant, effrayant, dont l’élégance et le charisme se diffusent à travers les mots et dont destin est tel un labyrinthe qui n'a pas d'autre issue que la fatalité dans sa malédiction qu'est l'éternité. Avec la belle Abigale, il forme un couple touchant, véritablement beau, qui n'est pas sans nous rappeler Roméo et Juliette. L'ambiance est dépaysante et les décors, décrits avec parcimonie, mêlent réalisme et invention de façon fantastique. L'auteur nous offre finalement le portrait de toute une époque, le reflet d'un siècle passé qui traverse les âges grâce à la nature de son personnage. Mais toute l'histoire est en réalité dictée par une seule et unique phrase, « Même les choses mortes ressentent ton amour », qui revient au fil du livre comment une lente agonie. Il est juste dommage que la relation de celle-ci avec le titre du livre (en anglais) ne soit pas plus marquée, car certains lecteurs pourront ne pas en comprendre tout l'impact. Et la fin dans tout ça ? Sans aucun doute cette sorte de Deus ex machina déplaira-t-elle à certains qui la trouveront totalement exagérée en tombant de nulle part, comme elle plaira à d'autres qui la trouveront à la fois belle et terrible... Mathieu Guibé m'a glissé à l'oreille : tout ça pour ça... Sans hésitation, oui !

        Doté d'un véritable esthétisme et d'une histoire de toute beauté que la plume sublime, Lorsque nous étions morts est de ces livres, rares, qui ont le privilège d'être qualifiés de littérature vampirique et méritent de trôner au côté des grands noms de la littérature fantastique et horrifique du XIXe siècle. Un roman qui mérite toujours son Prix Coup de Coeur d'Histoires de Romans !

    note

    une merveille

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    livre

    Monsieur a déjà confondu mon bois avec une réserve de gibier et ce soir, il prend mon manoir pour un bordel londonien. Cette fois, un fusil ne sera pas assez pour laver la honte que vous avez amenée sur cette maison.

     

     Fantastique "Gaslamp"     Littérature vampirique     Romance 

     Adulte 

     

       Au terme de votre vie, à combien estimez-vous le nombre de minutes au cours desquelles vous avez commis une erreur irréparable ? De celle dont les conséquences régissent d’une douloureuse tyrannie vos agissements futurs jusqu’au trépas. Mon acte manqué ne dura pas plus d’une fraction de seconde et pourtant ma mémoire fracturée me renvoie sans cesse à cet instant précis tandis que la course du temps poursuit son inaltérable marche, m’éloignant toujours un peu plus de ce que j’ai perdu ce jour-là. Je me demande si notre dernière heure venue, les remords s’effacent, nous délestant ainsi d’un bagage bien lourd vers l’au-delà ou le néant, peu importe. Puis je me souviens alors qu’il s’agit là d’une délivrance qui m’est interdite, condamné à porter sur mes épaules ce fardeau à travers les âges, à moi qui suis immortel.

       L’amour ne devrait jamais être éternel, car nul ne pourrait endurer tant de douleur.

    Critique par Maud G.

     

        Découvert grâce aux éditions du Chat Noir, que je remercie sincèrement, Even dead things feel your love est probablement l'un des rares coups de cœur que j'ai eu depuis longtemps. Et avant de commencer cette critique, je tiens à porter une certaine attention à l'illustration de couverture où tous les éléments graphiques s'accordent très harmonieusement pour donner de nombreux détails comme le nom de l'auteur sur la plaque ou encore le titre comme écrit à la main à même le portrait. L'ambiance est déjà posée et nous invite à ouvrir le livre pour en découvrir encore plus.

        La plume de l'auteur est douce tout en sachant se faire tranchante quand il le faut, poétique, travaillée, empreinte de cette tendre mélancolie qui rend le texte si pénétrant. La dynamique est fluide, le rythme mené à la baguette comme pour un orchestre symphonique, donnant à l'écriture une vraie personnalité. Le vocabulaire riche se marie avec une narration incisive, simple, et n'est pas sans rappeler les codes du XIXe siècle revisités avec modernité pour donner un texte très actuel. L'écriture de Mathieu Guibé, c'est un peu l'alliance du style d'Edgard Allan Poe dans la construction des phrases, la poésie de Baudelaire pour les faire vibrer, une pointe de Joseph Sheridan Le Fanu pour l'élégance et un soupçon de Viliers de L'Isle-Adam pour cette violence qui assemble le tout avec une sensibilité propre à l'auteur. Le choix de la narration à la première personne permet aux lecteurs de ressentir toutes les émotions de son personnage, d'être en quelque sorte une ombre qui l'observe. Les dialogues, peu nombreux, sont très caractéristiques des différents protagonistes, de l'ambiance, de l'époque et sont toujours d'une efficacité sans faille, sauf les trois épouvantables points de suspension utilisés seuls en guise de paroles, à trois reprises, qui ont réussi à me faire hurler pendant la lecture. Mais rassurez-vous, il est prévu de corriger cela dans la version numérique.

        Even dead things feel your love est un récit fantastique, dans la lignée de Dracula de Bram Stocker ou encore de La Morte amoureuse de Théophile Gautier, qui rend hommage au roman gothique du XIXe siècle. On y retrouve d'ailleurs toutes les caractéristiques du genre : l'engouement pour le sentimental, pour le macabre, pour l'histoire et le passé, pour ésotérisme, pour l'architecture gothique dans l'Angleterre de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et des décors populaires du théâtre élisabéthain. Mais également des personnages types que sont le vampire, la belle, le maudit, ou encore le religieux, l'ange ; des situations comme le suicide, le vampirisme, le pacte infernal ou les secrets du passé. L'intrigue est bien préparée et le prologue nous propulse directement dans le thème des amants maudits. L'histoire nous offre une romance des plus belles, profonde, développée avec beaucoup de maîtrise, loin des niaiseries qui pullulent actuellement dans les rayonnages des librairies. Mais il faut être conscient que l'auteur explore les codes du romantisme de l'époque, aussi certains lecteurs pourront trouver cette romance désuète et surfaite - tout comme ils seraient incapables d'apprécier les classiques du genre de l'époque. Les personnages sont assez diversifiés, mais finalement peu nombreux quand on observe toute l'étendue du roman. L'auteur a mis beaucoup de soin dans leur construction pour les rendre crédibles, vivants aux yeux du lecteur. Josiah, notre vampire et principal protagoniste du livre, est un héros tragique des plus fascinants, touchant, parfois troublant, effrayant, dont l’élégance et le charisme se diffusent à travers les mots et dont destin est tel un labyrinthe qui n'a pas d'autre issue que la fatalité dans sa malédiction qu'est l'éternité. Avec la belle Abigale, il forme un couple touchant, véritablement beau, qui n'est pas sans nous rappeler Roméo et Juliette. L'ambiance est dépaysante et les décors, décrits avec parcimonie, mêlent réalisme et invention de façon fantastique. L'auteur nous offre finalement le portrait de toute une époque, le reflet d'un siècle passé qui traverse les âges grâce à la nature de son personnage. Mais toute l'histoire est en réalité dictée par une seule et unique phrase, « Même les choses mortes ressentent ton amour », qui revient au fil du livre comment une lente agonie. Il est juste dommage que la relation de celle-ci avec le titre du livre (en anglais) ne soit pas plus marquée, car certains lecteurs pourront ne pas en comprendre tout l'impact. Et la fin dans tout ça ? Sans aucun doute cette sorte de Deus ex machina déplaira-t-elle à certains qui la trouveront totalement exagérée en tombant de nulle part, comme elle plaira à d'autres qui la trouveront à la fois belle et terrible... Mathieu Guibé m'a glissé à l'oreille : tout ça pour ça... Sans hésitation, oui !

        Doté d'un véritable esthétisme et d'une histoire de toute beauté que la plume sublime, Even dead things feel your love est de ces livres, rares, qui ont le privilège d'être qualifiés de littérature vampirique et méritent de trôner au côté des grands noms de la littérature fantastique et horrifique du XIXe siècle. Que dire de plus ? Lisez-le ! Et vous serez envoûté !

    note

    une merveille

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