LES TROIS MOUSQUETAIRES

 

Alexandre Dumas

 

livre

« Tous pour un, un pour tous. »

 

Littérature générale francophone

 

Cape et d’épée     Historique    Roman feuilletons

Adulte    Tout public 

 

   Jeune Gascon fier et fougueux, d’Artagnan se rend à Paris pour devenir mousquetaire. Il se lie alors d’amitié avec les trois plus célèbres d’entre eux, Athos, Porthos et Aramis.

  De là, il participera à toutes sortes d’aventures éminemment romanesques, combattant les hommes du Cardinal, déjouant quelques complots, au service du Roi, de la Reine et de la France.

Critique par Chloé M. R.

 

    Qui n’a jamais entendu parler des Trois Mousquetaires ? Avant même de lire ce roman, j’avais le sentiment de déjà les connaître tant ils hantent notre imaginaire. Mon premier contact avec eux s’est fait alors que j’étais très jeune, au travers d’une adaptation en BD parue dans un Super Picsou Géant. L’histoire elle-même est très floue dans mon souvenir, mais le fameux « Un pour tous et tous pour un ! » m’est longtemps resté comme un idéal. Pourtant, ce n’est que près de vingt ans après que, tombant, comme toujours, par hasard sur le livre en librairie, je me décidai à y confronter mes rêveries d’enfant. Elles ont été plus que satisfaites, à une exception près : il s'agit d'une devise apocryphe.

    Ma première impression, après à peine quelques dizaines de pages, est que tout semble fait pour simplifier la lecture – à part peut-être l’épaisseur du livre lui-même, plus de mille pages, ça peut impressionner. Les chapitres sont nombreux, assez courts, ce qui rend l’ensemble très accessible, et les titres sont plutôt révélateurs, ce qui est très pratique pour retrouver une scène précise mais peut dévoiler plusieurs éléments importants de l’intrigue ; la table des matières est donc à manier avec précaution lors d’une première lecture. Le style de l’auteur est à l’aune de ses chapitres : clair et sobre. Malgré cela, quelques difficultés peuvent apparaître ponctuellement lorsque la scène exige d’utiliser un vocabulaire précis, celui des vêtements par exemple, qui ne nous est aujourd’hui plus très familier ; néanmoins ces moments sont assez rares et, même sans une édition critique pour lever les ambiguïtés éventuelles, on peut aisément passer outre. Si tous ces éléments permettent donc une lecture aisée, c’est le jeu sur le rythme et la tension qui font de cette œuvre, sans doute, le classique du XIXe le plus facile à lire malgré sa taille imposante. Pour travailler cela, Dumas utilise immodérément les cliffhangers pour ses fins de chapitre – à sa décharge, c’est une habitude du roman feuilletons pour s’assurer que les lecteurs achèteront bien le journal toutes les semaines afin de connaître la suite de l’histoire, et cela va bien aux thèmes des récits de cape et d’épée. De même, rebondissements et péripéties sont en nombre et leur importance va croissante au fil des révélations d’une intrigue somme toute bien menée et particulièrement enlevée. Néanmoins, certains passages peuvent être un peu longs et leur résolution un peu décevante, notamment celui de la recherche des uniformes qui court sur une centaine de pages, mais est heureusement entrecoupé d’autres intrigues.

    Il y a ainsi un aspect presque sériel dans la construction du roman : il faut atteindre un but précis et pour cela il faut réaliser telle action qui en suppose telle autre, mais, une fois le but atteint, un nouvel impératif se dévoile, etc. Cette manière de faire pourrait être rapidement lassante par son aspect répétitif mais de petites intrigues se glissent dans les grandes et leurs résolutions offrent une satisfaction certaine au lecteur sans pour autant briser le rythme et la tension de l’histoire principale. De plus, pour rompre encore davantage avec une potentielle monotonie, on suit plusieurs personnages à la fois, d’Artagnan et les Mousquetaires, bien sûr, mais aussi certains de leurs ennemis et quelques personnages annexes de manière plus ponctuelle. Tous les personnages sont alors très bien caractérisés et ce jusque dans leurs manières de s’exprimer, ainsi Athos joue du silence ou de répliques très courtes là où Aramis aura une plus grande tendance aux répliques longues et aux traits d’esprit. Malgré cela, la plupart des personnages suffisamment importants pour être développés ont tendance à devenir des archétypes : Richelieu est l’intrigant avide de pouvoir, d’Artagnan le jeune héros plein d’honneur et de courage, Milady la femme vénéneuse, pour ne citer que ceux-là. C’est toutefois assez bien fait pour que ce ne soit pas profondément dérangeant, d’autant que Dumas pioche dans des types très classiques qui peuvent ainsi évoquer d’autres personnages et d’autres œuvres : Athos rappelle la mélancolie du misanthrope Alceste, par exemple. La plupart des protagonistes du roman ont réellement existé et les utiliser de manière aussi archétypale permet donc de plus aisément distinguer la fiction de la réalité. En effet, Dumas utilise un contexte historique réel pour ancrer son récit, celui du règne de Louis XIII et quelques un de ses principaux épisodes : le siège de La Rochelle et l’affaire des ferrets de la Reine notamment. Néanmoins, si le vernis historique est très marqué, l’auteur n’hésite pas à réarranger les choses et à faire d’hypothèses et de rumeurs des vérités, il ne faut donc pas croire ce récit particulièrement réaliste. Tout le roman repose d’ailleurs sur une chronologie floue qui permet à d’Artagnan, personnage réel, d’avoir l’âge de participer à toutes ces aventures, ce qui est, historiquement parlant, très improbable. Toutefois, cette époque n’est qu’un contexte qui permet de revenir à des valeurs d’honneur et d’amitié exacerbées convenant bien au mouvement romantique auquel appartient Dumas. De même, cela permet d’accentuer le souffle épique de ce roman de cape et d’épée qui fait revenir à la vie des héros sublimes faits pour réaliser des quêtes impossibles.

    Malgré tous ses défauts, Les Trois Mousquetaires est une œuvre dont on ne se lasse pas, génération après génération, l’une de celles qui restent dans la mémoire collective. On a tous une bonne raison de le lire : l’envie de retrouver ses héros de jeunesse, celle d’essayer de lire un classique ou simplement celle de se plonger dans un bon roman d’aventures. Personnellement, j’en recommande la lecture tant il est accessible au grand public. Au-delà de son image d’énorme classique, c’est un excellent divertissement, un roman qu’on ne peut laisser qu’une fois la dernière page tournée. A moins que vous ne succombiez aux deux autres tomes de la trilogie auquel il appartient.

note

Le roman de cape et d’épée par excellence.

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