JOURNAL D'UN MARCHAND DE RÊVE
Anthelme Hauchecorne
La Mort est un songe dont on ne s'éveille pas. Au matin, dans ton lit douillet, il ne resterait qu'un corps vide, un triste légume en forme d'homme.
Publication de l'imaginaire
Merveilleux Contemporain Dreampunk Weird west
Adolescent Adulte
J’ai séjourné en hôpital psychiatrique. Pas de quoi fouetter un chat sauf lorsque, comme moi, vous êtes fils de stars. Par crainte du scandale, mes parents m’ont expédié loin d’Hollywood, dans la vieille Europe. Les meilleurs spécialistes m’ont déclaré guéri. En vérité, la thérapie a échoué. Les songes ont repris, plus dangereux que jamais.
Malgré moi, je me trouve mêlé aux intrigues de puissants Rêveurs. Des gens charmants et bien décidés à m’éliminer, mais avec élégance. M’entêter serait totalement déraisonnable. Pourtant, deux plaies à vif m’empêchent de tourner la page… La première est une fille. La seconde, une soif de vengeance. Je m’appelle Walter Krowley. Vous tenez mon journal intime. Prenez-en soin. Ce livre pourrait devenir mon testament…
Critique par Maud G.
Journal d'un marchand de rêve est un roman qui passe très difficilement inaperçu par la beauté de sa couverture. L'illustration signée Marcela Bolivar est tout bonnement magnifique et n'a pas manqué de me faire penser à l’univers onirique de Guillermo Del Toro, la faute surement à la présence de ces phalènes qui se posent comme yeux du personnage ou encore les couleurs désaturées de l'ensemble. Je n'avais aucune idée de ce que j'allais y découvrir, car si le résumé de quatrième de couverture attisait ma curiosité, il restait bien trop brumeux pour en anticiper le contenu. Je me suis donc lancée dans l'inconnu de ce roman d'Anthelme Hauchecorne que je remercie pour me l'avoir envoyer personnellement.
Le livre s'ouvre sur une mise en page soignée qui ne laisse rien au hasard au niveau de sa charte graphique steampunk, avec notamment chaque tête de chapitre joliment et simplement illustré. Ce sont ce genre de petits détails qui plaisent aux lecteurs et participent à mieux les emporter entre les pages. Pour ceux connaissant un peu la bibliographie de l'auteur, ce roman dénote de son style habituel... Et cela en tout point. Cela commence par la plume, ici assez simple, fluide, mais qui donne l'impression de se chercher un peu. On est loin du cynisme de Punk's not dead ou de Baroque'n'roll, de cette humour sombre et glauque qui savaient si bien faire mouche. Avec Journal d'un marchand de rêve on s'adresse plus volontier aux adolescents, avec une écriture qui tente donc de s'y prêter, sans grande conviction. Si Anthelme Hauchecorne n'avait pas cette signature bien à lui dans sa manière de phraser ses récits, ce don de rendre si palpables ses mots, le texte aurait pu en devenir fade. Pour être honnête, j'y ai senti parfois des faiblesses, des hésitations, un peu comme une tentative de faire dans le cynisme différemment... mais qui ne m'a pas toujours convaincu. Pourtant le roman nous sert sur un plateau d'argent de nombreux clins d’œil et références parsemées ça et là, à travers divers citations et petits détails qui nous montrent bien la maîtrise que fait Anthelme Hauchecorne de la pop culture. Un élément qui, je dois l'avouer, plaira aux connaisseurs. Le texte peine à trouver son rythme malgré une narration particulièrement dynamique, si bien que la lecture en devient très longue. Le choix d'une narration en point de vue interne convient parfaitement à cette idée de suivre le fameux journal du protagoniste principal ; le lecteur peut avoir cette impression de lire quelques secrets, quelques événements qui ne devraient peut-être pas être trop dévoilés, faisant de lui presque un acteur de "l'après" ou une sorte de confident du futur.
L'histoire se déroule sur deux grands plateaux, le premier étant la réalité et le second, le mode des rêves. C'est principalement ce dernier qui va véritablement être au centre des intrigues de Walter Krowley, personnage principal - et narrateur - du roman. C'est d'ailleurs la nette séparation entre ces deux univers et cette idée de passage de l'un à l'autre - et de sas - par le rêve, qui nous permet de directement mettre le doigt sur un genre hélas trop confondu avec le fantastique, le merveilleux. Une fois dans le monde des rêves, passé la phase de découverte, d'incompréhension et de peur de notre héros, les données surnaturelles sont rapidement et totalement intégrées comme allant de soit. On découvre alors un univers mêlant de nombreux éléments de récits d'explorations qui finissent rapidement par converger vers de la Weird West avec une ruée vers l'or du rêve : le sable. La première partie du roman se focalise sur notre protagoniste principal, Walter, que l'on découvre être un personnage issu de la jeunesse dorée de Hollywood, assez cynique, égocentrique alors que pourtant pas toujours sur de lui. Je vais être honnête, j'ai détesté ce personnage et ai tellement espéré le voir disparaitre dans des sables mouvants ou que sais-je d'autre, définitivement... mais étant le héros et, qui plus est, le narrateur et auteur de ce journal, je savais d'avance que c'était peine perdue. Vient par la suite s'ajouter l'atout féminin majeur, Banshee, passionnée de mécanique et tout aussi butée, mais qui avait le mérite de m'être attachante. D'ailleurs, en étudiant de plus près nombreux personnages - que ce soit Trevor, l'ami de Walter, ou encore Spleen, sorte de hors-la-loi monte-en-l'air-, on remarque une certaine récurrence dans les traits de caractère. S'ajoutent à cela des ambiances pas assez poussées, mais aussi des éléments sous exploités, et je pense tout particulièrement aux Ça qui offraient énormément de potentiel... relayés au dernier plan. Quel dommage.
Entre une lecture que j'ai trouvé trop longue, une intrigue calculée à l'avance qui se fait attendre, et des personnages manquant de texture, Journal d'un marchand de rêve m'a réellement laissé sur ma faim. Le roman reste correcte, mais aurait sérieusement mérité de revoir son approche des personnages et de l'univers en délaissant son narrateur - à mon sens le plus gros point noir du livre. Néanmoins, la fin du roman a le mérite d'être capable d'en surprendre plus d'un. Mais ma plus grosse déception fut de réaliser combien la couverture du livre était à des années lumière de correspondre au récit.
quelque part dans un nuage de sable