ANIMAN

CROMLECH I

 

Claire Ygell

 

cromlech1 animan

Quand j'ai osé enfin lui avouer ce que j'avais choisi de faire après mon bac S, j'ai cru lui provoquer une attaque.
— Tu sais, papa, j'ai bien réfléchi. Finalement, plutôt qu'entrer en prépa, je vais faire un brevet en environnement. Je me suis renseignée et parmi les vœux pour l'année prochaine, j'ai... postulé pour un BTS agricole. Il y en a un à Quillan et ils ont accepté mon dossier. Je me suis dit que grand-père pourrait eut-être m'héberger.
C'était trop à la fois.

 

Publication de l'imaginaire

 

Fantastique

Adolescent

 

   Nous aperçûmes le cromlech aux pierres majestueuses baignées de clarté lunaire. J'hésitais à avancer plus loin. Et s'il m'arrivait malheur ? Brendan était sur ses gardes aussi et regardait au travers de ses grands yeux de cerf. Je sentais son esprit dans le mien. Nous fîmes le tour du cromlech ensemble, avant de décider d'y pénétrer. J'y entrai la première, hésitante. Brendan me suivit. Nous reprîmes instantanément notre forme humaine, comme si nous avions traversé une frontière invisible.

   Loin de la ville, dans un pays de nature sauvage, Eva découvre le troublant secret de ses origines.

Critique par Julie K.

 

   Quand j'ai découvert ce livre, je me suis dit « Chouette ! Une histoire sur des légendes bretonnes. » car c'est ce que m'évoque invariablement le mot "Cromlech". Aussi ai-je été confuse en débutant ma lecture de voir que le récit se déroule dans le sud de la France, plus précisément dans les Pyrénées orientales, une région que l'on n'associe pas spontanément à ce que peuvent inspirer le cromlech et autres mégalithes celtes. Rien que pour ce contraste, j'ai poursuivi ma lecture par curiosité.

   Le style est simple sans être simpliste, facile et agréable à lire, fluide malgré quelques maladresses grammaticales (il est notamment deux ou trois endroits dans le texte où la concordance des temps peut prêter à confusion). On note également deux coquilles sur l'intégralité du livre, ce qui reste acceptable. On regrettera en revanche de longs, très longs monologues sans détails narratifs. La réplique seule ne permet pas de se faire une idée des intonations ou de la gestuelle du personnage ; beaucoup de dialogues à travers le livre manquent cruellement de détails, ce qui est assez dommage. J'ai cependant beaucoup apprécié le découpage original de l'histoire – mais je vous laisse découvrir ce point par vous-même.

   Malgré une lecture globalement agréable, on s'ennuie dans les deux premiers tiers de l'histoire. Bien que l'on découvre de nombreuses informations, j'ai eu l'impression persistante qu'il « ne se passait rien ». On assiste en effet principalement aux réflexions d'Eva, à ses découvertes sur elle-même, ses peurs, ses doutes, ses recherches, ses décisions, ses déboires amoureux. L'intrigue tarde à se mettre en place, et cela se ressent. On pourrait voir une tentative de suspense, les jeunes lecteurs se laisseront peut-être portés par les découvertes d'Eva, mais les indices sont bien trop gros pour que l'auteur ait réellement voulu laisser planer un suspense. En outre, toutes les révélations intéressantes sont mentionnées dans le quatrième de couverture, ce qui est là, à mon avis, une erreur marketing assez regrettable. On peut déplorer un manque d'originalité dans la mise en place du récit, heureusement, le dernier tiers compense un peu les précédents désagréments : on a enfin un bon rythme narratif, les actions s'enchaînent et on est entraîné dans l'aventure. Il est dommage que la majorité du roman semble servir à poser des bases narratives, au détriment d'une histoire plus passionnante. Il reste à espérer que le tome suivant sera plus riches sur tous les plans. L'auteur se base sur les contes et mythes autour du cerf, y incorpore des références scientifiques, historiques et des allusions religieuses par endroits, ce qui donne non seulement de l'intérêt, mais également de la profondeur à cet univers. De plus, l'auteur aborde des thèmes universels comme le passage de l'adolescence à l'âge adulte, la découverte de ses origines, le poids des responsabilités, les premiers émois amoureux et les relations sociales. Il également intéressant de voir que l'auteur parle aussi d'un sujet aussi actuel que le traitement que l'on réserve aux animaux d'élevage ; une tentative pour faire prendre conscience de ce fait aux jeunes lecteurs, une ouverture vers une réflexion sur la condition animal, même si le message paraît malgré tout enfantin. Enfin, on regrettera qu'à la fin de ce premier tome, de nombreuses questions restent encore en suspens, bien que cela sera, à n'en pas douter, le fil conducteur de la série.

   Malgré un style simple mais agréable, une histoire intéressante qui compense quelques faiblesses narratives, une intrigue et un rythme qui tardent à se mettre en place, mais largement compensés sur le dernier tiers du roman, je conseille vivement ce premier tome de Cromlech, à condition de le prendre pour ce qu'il est : une histoire agréable pour passer un bon moment de lecture sous le parasol.

note

une agréable découverte

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