COMME UN ROMAN
Daniel Pennac
Le verbe lire ne supporte pas l'impératif. Aversion qu'il partage avec quelques autres ; le verbe « aimer »... le verbe « rêver »... On peut toujours essayer, bien sûr. Allez-y : « Aime-moi ! » « Rêve ! » « Lis ! » « Lis ! Mais lis donc, bon sang, je t'ordonne de lire ! »
— Monte dans ta chambre et lis !
Résultat ?
Néant.
Publication générale francophone
Essai
Adulte
Comment vient l'amour de la lecture ? Comment le transmettre à nos enfants ?
A travers cet essai romancé, souvenirs d'enfance, de professeurs et de parents, Daniel Pennac nous offre une ode au plaisir de lire, à la lecture sans régulations, à la lecture tout simplement.
Critique par Antonine A.
En tant que lectrice invétérée, j'ai toujours eu envie de ce livre traitant du plaisir de la lecture. Mais pour des raisons plus ou moins obscures - et surtout d'autres lectures - , j'ai mis des années avant d'enfin ouvrir ce livre. J'avais déjà lu quelques livres de l'auteur, essentiellement ses romans de jeunesse, et le les avais tous aimés. Je me suis donc lancée dans cette lecture avec enthousiasme.
Comme un roman est une somme de petits chapitres très courts (séparés en trois parties distinctes) parlant tous du rapport à la lecture. D'une façon très simple l'auteur multiplie les point de vue sur l'apprentissage de la lecture, mais surtout sur celui du plaisir des livres. On découvre ainsi les pensées des parents, des enfants (de tout âge : du bambin ne sachant pas lire à l'adolescent en prise avec ses cours de français en passant par l'enfant qui commence à déchiffrer les lettres et les mots), des professeurs ou des élèves, mais aussi - et peut-être surtout - les souvenirs de l'auteur ; souvenirs d'un professeur particulièrement efficace à communiquer sa passion, souvenirs de ces premières lectures, etc. Cet aspect « somme » est très intéressant puisqu'il permet de varier le genre des chapitres. Dialogue, monologues intérieurs, listes, citations… Tout est fait pour qu'on ne se lasse pas est qu'on éprouve ce plaisir à la lecture qui est le centre du livre. Et c'est justement grâce à ces chapitres courts, ces constants changements de points du vue / histoires et cette diversité des récits que ce livre est extrêmement facile et rapide à lire. C'est une sorte de petit bonbon qui se savoure jusqu'à ce qu'il fonde. Malheureusement, j'aurais personnellement aimé qu'il dure plus longtemps.
Mais le réel plaisir de la lecture se situe dans son thème. Pour une boulimique de la lecture telle que moi, lire toutes ces idées sur le plaisir des livres était réellement communicatif ! C'est un vrai régal de lire - enfin - nos droits de lecteurs et des expériences de lecteurs dans lesquels on se retrouve - ou pas ! J'ai particulièrement aimé retrouver le confort des lectures du soir avec les parents, les conseils amateurs du grand frère ou du copain, le professeur qui donne envie de se jeter sur un livre ou dans une librairie… Bien sûr, les expériences de parents ou de professeurs, je ne les ai pas vécues, mais Daniel Pennac a une façon de transmettre cette passion de la lecture qui fait qu'à chaque passage de l'essai lu, on s'imagine la scène !
Voilà un livre qui m'a donné encore plus envie de dévorer tous les livres de ma bibliothèque et tous ceux qui la rejoindront. Un livre et que j'ai été très triste de lâcher. Un livre que je relirai sans aucun doute, par petites touches ou en entier, une fois, deux fois, trois fois et, pourquoi pas, ad libitum… Voilà un livre qui rappelle que, même si l'on n'est pas obligé de partager son amour des livres, l'expérience solitaire du lecteur peut donner vie à un partage, celui d'une expérience commune : le plaisir de la lecture.
un petit bijou